Sorti ce mois-ci dans les salles obscures, Happy Feet est un film d'animation 3D pour les tout petiots réalisé par George Miller... le créateur du violentissime Mad Max !!! Le scénario est ultra choquant pour un mec aussi evil que moi : Mumble est un petit pingouin qui se révèle être un génie des claquettes. En revanche, il chante vraiment comme une casserole, ce qui lui vaut les foudres de ses camarades manchots. Bref, encore une fable qui exploite pour la millième fois le sujet flapi de la différence, sur canevas d'alcidés à tronches à claques. Ca promet.
D'après la jaquette, la première condition pour jouer à Happy Feet est d'avoir plus de 3 ans. Quelle chance, je rempli ce contrat les doigts dans le nez avec au compteur 30 ans de plus tout rond... Ce qui fait de moi quelqu'un de super qualifié pour goûter à Happy Feet. Du coup, on me refile le test du jeu en toute hâte. JulienC me prête sa console en me menaçant de représailles si je la raye. J'arrive chez moi et installe la Wii sur ma télé LD (un nouveau concept à moi pour parler de télévision non HD), faisant bien attention de ne pas frotter l'habitacle diaphane de la console contre une source exogène pointue ou abrupte. Le tout est enfin installé. Je déchire la boite de jeu d'un coup de dents sauvage et enfourne la galette dans la fente de la Wii d'un geste qui n'a rien de sexuel. Ca commence mal : le personnage que l'on incarne est un bébé pingouin que l'on a furieusement envie de claquer. Non, pas casser... pas casser la console de JulienC me répétais-je, tel un mantra bouddhique...
De la danse, de la glisse, de la natation...
Un groupe de manchots empereur ayant signé le pacte écologique de Nicolas Hulot trouve votre œuf au détour d'une mission anti-OGM. Non, je plaisantais détendez-vous, c'était histoire de rendre le scénario plus tripant... Pour ce qui est du programme ludique, le premier stage consiste à effectuer une danse à base de claquettes grotesques pour vous défaire de votre coquille et venir au monde. Une jolie allégorie, toute mignonne, prétexte à un Dance Dance Revolution-like, qui vous invite à bouger la wiimote en rythme dans tous les sens. On passe ensuite à une épreuve de nage dans laquelle Mumble devra récupérer des cœurs et passer sur des gisements de bulles d'air pour respirer sous l'eau. Cette fois-ci, il faudra tenir la télécommande à chaque extrémité avec vos mains, puis l'incliner dans toutes les directions pour déplacer votre pathétique alcidé. On se coltine ensuite la même chose version glisse sur le ventre, dans des paysages montagneux bucoliques pour changer... En somme, il s'agit d'une suite de mini-épreuves à base de danse, de nage et de glisse, qui a pour but principal d'initier nos chères petites têtes blondes aux joies des facultés préhensiles humaines.
Ready to Mumble !!!
Côté réalisation, l'indigence graphique est manifeste. Les divers backgrounds ainsi que l'ensemble des protagonistes du soft souffrent d'une modélisation 3D déplétive. Les textures arborent des apparats élémentaires indignes d'une console de la trempe de la Wii. C'est simple : on a l'impression d'être en présence d'un jeu N64. Sans me lancer dans un discours particulièrement exégète, vous l'aurez compris, Happy Feet se destine exclusivement aux très jeunes joueurs, par sa facilité de prise en main et de progression narrative. Tout y est explicitement lourdingue pour que nos marmots ne s'y perdent pas. Alors voilà, pour nous les adultes, le soft devient assez rapidement "cul-cul la praline". Le jeu se complait dans une ambiance politiquement correcte qui aura raison des âmes les plus "Evil". Bref, passez votre chemin si vos préoccupations vidéoludiques principales reposent sur la destruction ou l'apport de mandales mortifères. Ici, tout y est paisible, ennuyeux et moche.